Quand on lui demande si c’est une activité très consommatrice de temps, Guillaume répond que c’est un faux débat. « C’est long et contraignant aussi d’aller sortir l’herbe du silo ou d’une balle enrubannée dont il faut en plus gérer les nylons. Détasser, enlever le pourri, préparer la ration avec la mélangeuse, la distribuer, nettoyer la mélangeuse, …. Sans compter tout le travail qu’il y a eu pour confectionner ce stock. Aujourd’hui en une heure, j’ai plus vite fait d’aller chercher mon herbe verte. »
Situé à Dettwiller (67) le GAEC Rosen Guth est équipé d’un robot de traite. Mais il ne dispose que d’environ 20 hectares autour des bâtiments pour son troupeau de 130 vaches. Avant l’achat de l’autochargeuse, elles recevaient donc quotidiennement des fourrages conservés, ensilage ou enrubannage d’herbe issus de prairies éloignées de l’exploitation plus de l’ensilage de maïs en hiver.
Guillaume voulait faire de l’affouragement en vert depuis longtemps. « Pour moi qui suis en bio depuis 11 ans, je trouve que ça véhicule une image forte auprès du public et des autres exploitants. Je trouve qu’il y a un côté éthique à utiliser le moins possible de bâches et de nylons. En plus le fourrage frais, ça garde toutes ses vitamines et c’est de meilleure qualité nutritionnelle qu’un fourrage conservé ».
Ce n’était pourtant pas un achat qui allait de soi, car deux générations d’agriculteur travaillent sur le GAEC. « Mon père a connu l’affouragement vert il y a 40 ans. Il ne comprenait pas pourquoi je voulais y revenir et y était opposé. Pour lui, c’était une vieille pratique obsolète, contraignante et pas faite pour un grand troupeau. Il y a eu beaucoup de temps avant qu’on franchisse le pas. Mais il s’est vite rendu compte que les autochargeuses modernes simplifiaient le travail. Et surtout, il a vu qu’on faisait 2 kg de lait/vache/jour en plus avec du vert. Quand les résultats sont là, un agriculteur change tout de suite d’avis … », confie Guillaume avec le sourire.
L’affouragement en vert reste plus compliqué que l’affouragement avec du fourrage conservé. Guillaume se forme encore sur le tas car son exploitation n’est pas dans un secteur d’affouragement vert. « Gérer la qualité de l’herbe qu’on apporte est le plus technique car je dois gérer la pousse de l’herbe dans chacune de mes parcelles, et ça pousse très vite en saison. Dès fois je sais que je vais être en retard car j’ai trop exploité une parcelle ; d’autres fois, je sais que je ne vais pas en avoir assez même si la qualité est là. Et quand c’est trop vieux, je fauche pour stocker ou enrubanner, puis je cherche une autre parcelle où la repousse est bonne. En fait il ne faut pas hésiter à démarrer dans ses prairies. Par exemple, cette année, j’y suis allé un peu trop tard car j’ai voulu continuer un peu plus sur mon silo d’herbe et j’ai rentré de l’herbe un peu trop âgé à chaque tour. L’année prochaine, je démarrerai plus tôt », conclut Guillaume Guth.