Le réchauffement climatique est particulièrement marqué depuis les années 1980. Les projections montrent une poursuite de l’augmentation des températures jusqu’en 2050, plus marquée en été qu’en hiver. A l’échelle d’un territoire vaste comme celui de la France, il existera des disparités régionales, mais globalement, les températures augmenteront d’autant plus qu’on s’éloignera de l’atlantique.
Au niveau de la prairie, les simulations mettent en évidence une forte déformation de la courbe de pousse, avec la formation d’un creux d’été ou son amplification.Cette déformation atteint tous les territoires, y compris ceux que l’on compte habituellement sur une pousse estivale permettant de se dispenser de l’apport aux animaux de fourrages grossiers stockés.
L’autre déformation marquée de la courbe de pousse d’une prairie se situe dès le début du printemps, avec une pousse plus vigoureuse et plus précoce, conséquence de l’effet conjugué de températures en hausse et d’un taux de CO2 plus élevé permettant un accroissement de la photosynthèse, à une période de l’année où il y a encore de l’eau dans les sols.
La pousse automnale et de début d’hiver sera assez souvent à la hausse, mais jamais au point de compenser les pertes de production estivale.
A l’horizon 2050, la part de production de printemps (de février à juin) passera d’environ 60% à 75% ou plus. Ces deux chiffres suffisent à imaginer les transformations à suggérer dans des systèmes herbagers pâturants : possibilité de mettre à l’herbe plus tôt, voire de rentrer les animaux plus tard en fin d’automne mais nécéssité d’affourager davantage en été.
L’exploitation de l’herbe va demander de plus en plus de flexibilité, d’observations in situ et d’anticipation. Il faudra savoir aller chercher l’herbe quand et où il y en a.
La luzerne semble une alternative, ayant la possibilité de faire plusiseurs coupes : la luzerne pouvant démarrer plus tôt sa croissance du fait des températures plus élevées au printemps et de sa capacité à résister relativement bien à la sécheresse. Cultivable au sein de prairies multi-espèces ou d’association simples, à pâturer.
Avec des sécheresses de plus en plus fréquentes et précoces, les récoltes de fourrage doivent être repensées, autant au niveau de l’itinéraire technique que des espèces à implanter.
Source : Réussir, juillet-aout 2021.